ShungaPour mon anniversaire, mes parents, qui connaissent mes péchés mignons, m’ont offert un très beau livre : L’art érotique japonais d’Ofer Shagan. Il s’agit d’une présentation des « shunga » qu’on peut joliment traduire par « images de printemps ». Ces estampes grivoises sont vraiment très belles, parfois drôles ou inquiétantes. L’ouvrage regorge d’illustrations fascinantes.

 

Le texte m’a également interpellée. Au début de son livre, Ofer Shagan déclare en effet que les shunga n’appartiennent pas à la pornographie, qu’il définit ainsi : « les œuvres crées pour stimuler le désir sexuel », un concept selon lui occidental et étranger au Japon jusqu’au XIXème siècle. Je dois avouer avoir été quelque peu surprise par cette définition, à la fois très large et étrangement restrictive dans ses applications. Citons quelques uns de ses arguments : ces images ne sont pas pornographiques parce qu’elles ont souvent une visée artistique et souvent satirique, parce que la représentation des sexes n’est pas réaliste, les phallus comme les vulves étant souvent disproportionnés.

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En réalité, cette disproportion me paraît justement de nature à susciter le trouble du spectateur, et peut-être aussi son désir.  La taille énorme des sexes me fait penser à un gros plan, et l’obsession de la pénétration qui apparaît dans ses images me paraît justement renvoyer à la pornographie, que je définirai provisoirement comme une représentation très explicite de l’acte sexuel. Ce qui n’empêche pas ces estampes d’être des œuvres d’art.

 

Ce n’est qu’à la fin du livre que j’ai vraiment compris l’argumentation de l’auteur, qui a en fait une visée polémique. En effet, les shunga ne peuvent être exposés au Japon, pays où la pornographie n’a pas le droit de cité dans les musées. Peut-être est-ce sur ce dernier point qu’il faudrait que les mentalités évoluent : n’est-il pas temps d’admettre que pornographie et art peuvent être compatibles ?

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Shunga3Le livre d’Offer Shagan est paru aux édition Hazan, vous pouvez vous le procurer ici.

5 Thoughts on “Japon, art et pornographie

  1. Julie, très chère, à votre dernière question je réponds oui… d’ailleurs, j’essaye de le démontrer avec ma propre oeuvre graphique !
    Mais manifestement, tout le monde n’est pas convaincue. Enfin, si vous êtes dans le midi en février, j’expose quelques images artistico-pornographique de ma série « le sexe, c’est pas le pied, c’est les chaussures »
    C’est à Istres, dans les Bouches du Rhône. Le vernissage, c’est le 11 février. J’aimerai bien que vous y voir, maintenant que je sais que vous êtes capable d’exhiber votre chatte et votre décolleté (j’ai vu la photo, ne dites pas non !!!)

  2. Gerard GILLET on 15 janvier 2015 at 7:21 said:

    Je pense que ce doit être un livre intéressant, rare et difficile à trouver certainement…
    Quant à la question, certes, il y a des pays qui sur ce domaine sont plus en retard que notre civilisation… plus libre dans beaucoup de domaines !

  3. hadrien des ombres on 16 janvier 2015 at 4:10 said:

    l’imaginaire érotique japonais est très différent du nôtre. Par exemple aussi par le rôle que des animaux comme le poulpe y jouent.

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