L-eveil-des-sentimentsJ’aurais pu rajouter une perruche au titre de mon article, mais il était déjà long. Laissez-moi vous expliquer : pour finir le roman d’Emma Cavalier, L’éveil des sentiments, je suis allée à Montsouris. Comme Léanore, mais avec petite culotte. Je me suis installée à l’ombre d’un arbre ; les reflets de l’eau venaient moirer ses feuilles. Au-dessus de moi, une perruche jaune et verte faisaient frémir les branches, et, régulièrement, une petite fleur rose me tombait dessus. Ça a l’air poétique comme ça, mais j’ai vérifié à chaque fois que l’oiseau ne m’avait pas chié dessus. Je n’ai pas bougé pour autant : il faut savoir s’offrir au destin. Ce n’est pas Emma Cavalier qui me contredirait. A côté de moi, une dame a raconté des choses passionnantes à sa fille, tandis que je lisais une non moins passionnante (et certainement beaucoup plus fiévreuse) scène de cul à trois. Si je n’oublie pas la cane qui se baladait à ma droite, le tableau est complet.

J’avais bien aimé La rééducation sentimentale, mais sans plus ; je trouvais l’intrigue parfois un peu trop convenue. Je pensais, en allumant ma liseuse, que Le manoir, qui a sa place parmi mes classiques érotiques, resterait le roman d’Emma Cavalier que je préfère. Je n’en suis plus si sûre. Pourtant, au début, mes sentiments étaient mitigés. A propos de la couverture d’abord. Je trouve très belle la photo de ce corps en noir et blanc. Mais l’angle que forme la chevelure avec le cou, sous le titre, me fait toujours un effet bizarre. J’ai l’impression que cette femme, en tournant la tête, va nous révéler un visage de zombie ou une tête de mort. Suis-je la seule à voir ça ? En tout cas, depuis que j’ai lu le livre, je trouve ça plutôt approprié, finalement. Non, il n’y a pas de zombie dans ce roman érotique. Mais un dragon tatoué sur l’épaule du héros, et quelques têtes de mort çà et là.

Sinon, c’est un détail, mais certaines transitions (ou plutôt leur absence) sont parfois abruptes. je me suis demandé s’il ne manquait pas quelques sauts de ligne. Peut-être un souci de l’édition numérique ?

Le premier chapitre ne m’a pas fait une impression terrible. L’héroïne, Valentine, m’a d’abord énervée, avec ses coups de gueules et son caractère buté. Et puis je me suis aperçue qu’elle me faisait penser à quelqu’un : l’un de mes personnages, pour être précise (je vous la présenterai un de ces jours). Toujours est-il que progressivement, je me suis retrouvée en empathie terrible avec cette Valentine, au point d’être parfois tentée de lui inventer ses répliques. Quant à Vincent, l’autre personnage principal, qu’elle ne fait que croiser au début, il est terriblement sexy. Disons-le : ce guitariste sue le sexe. Sa liaison avec le bel Axel, gueule d’ange et cul à se damner, ne fait qu’ajouter à la chose. Et Antoine Manœuvre, qui ne m’avait pas fait beaucoup d’effet dans le premier tome, a su s’y prendre pour charmer Valentine (et moi par la même occasion).

La musique occupe une vraie place dans l’intrigue ; vous y trouverez une reine de la nuit tout à fait fascinante, et une orgie très rock. La scène du concert est vraiment réussie, beaucoup plus à mon sens que celle de l’opéra de la Rééducation, qui m’avait un peu indignée parce que le chant y était trop vite oublié pour laisser place à l’érotisme. Bon, j’arrête là les comparaisons : ma préférence est sans doute très personnelle.

Les personnages d’Emma Cavalier gagnent à être connus : leur personnalité s’enrichit à mesure que l’intrigue se déroule. J’ai eu d’ailleurs plaisir à retrouver Camille, l’héroïne du premier tome. Quant à l’écriture, elle est sobre, mais l’auteure sait trouver la formule juste. Je n’en donnerai qu’un exemple ; c’est juste après une scène très chaude :

« Ils mangèrent et burent en silence ; pas le silence embarrassé des gens qui ne savent pas quoi se dire, mais le silence de la délectation, un silence repu de sexe et de bouffe. »

« Un silence repu de sexe et de bouffe »… Vous voyez ce que je veux dire ?
Et pour découvrir l’intrigue, ma foi, vous n’avez qu’à lire le dos du livre, ou mieux, le roman tout entier.

L’éveil des sentiments est publié aux éditions Blanche. Vous pouvez vous le procurer ici.

One Thought on “Le guitariste, la tête de mule et le bel ange blond

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