Denis-fesseJe vous ai déjà parlé du recueil A toute volée, sorti récemment aux éditions L’ivre-book. J’aimerais à présent vous dire un mot de ma nouvelle. Clarissa Rivière, qui a dirigé de sa main de velours l’anthologie, m’a demandé, il y a quelque temps, une nouvelle sur ce thème. Très vite, une idée m’est venue.
J’étais encore tout imprégnée d’un voyage en Andalousie récent ; et je me rappelais un autre séjour en Espagne, au cours duquel j’avais vu un spectacle de flamenco. C’était dans une cave de Grenade, petite et bondée, éclairée d’une lumière rouge.
Le guitariste et la chanteuse étaient talentueux ; la danseuse était inoubliable. Serrés les uns contre les autres, nous la mangions des yeux. Sa danse est restée gravée dans ma mémoire.
Plus tard, en y songeant, il m’a semblé que la fessée s’unissait parfaitement au flamenco : elle était en quelque sorte intégrée dans le rythme, appelée par la cambrure des corps et la mélancolie de la musique.
Il était donc naturel que ma nouvelle s’intégrât dans ce cadre. J’ai prêté mes souvenirs au narrateur de ma nouvelle, musicien amoureux :

« Penché sur ma guitare, je jouais pour elle.

C’étaient ses mains, d’abord, qui s’éveillaient. Elles tournoyaient, traçaient dans l’air des signes mystérieux, et s’envolaient enfin comme deux oiseaux gracieux. Je les suivais de ma musique, j’accélérais pour elles, je respirais par elles, jusqu’au claquement brutal de ses talons.

Silence. Mes doigts, un instant, se détachaient des cordes, avant d’y revenir, comme mus par une volonté propre. Sans même la regarder, je la sentais danser. Un pas en avant, un pas en arrière, la taille cambrée, les mains sur les hanches. Elle tournoyait, sa jupe flottait, ses cheveux voltigeaient, et tout en elle était vivant.

La double brûlure de ses yeux, j’en rêve encore la nuit. Son corps qui ondule, ses mains qui soulèvent le tissu rouge de sa jupe, et je voudrais voir, voir encore, la cadence de ses jambes, en rythme avec mes doigts. »

Il reste cependant une question à laquelle je n’ai pas su répondre : vaut-il mieux être celui qui donne, ou celui qui reçoit ? Tendre les fesses, espérer l’instant, brûler sous la violente caresse ? Admirer un cul tendu, le châtier d’une main ferme, goûter ce doux sadisme ?
Certains trouveront la réponse évidente ; pour ma part, je fais partie des éternelles indécises, et je crois que ma nouvelle en porte l’empreinte, rouge évidemment.

One Thought on “Mille et une fessées (suite)

  1. Quand la musique et une danseuse font naître une histoire ! Très intéressant de réussir à capter ce moment où une histoire prend vie, ce qui la déclenche …

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