C’était l’heure du coucher de soleil, l’heure où Rivrene, blanche et gelée, se pare soudain de mille couleurs et j’ai beau avoir l’habitude, j’en suis restée un instant le souffle court.
Le bouquet final. Les derniers rayons du soleil illuminaient les canaux. Reflets d’or mouvant sur l’eau, et les glaces qui miroitaient dans la lumière. Sur les îles, les maisons aux toits enneigés prenaient un air fantomatique, silhouettes sombres se détachant sur un ciel rose. Le bleu de la nuit surgissait déjà, plus loin, à l’est. De tous côtés, des îles, des petites, des moyennes et des grandes, tout un archipel qui composait Rivrene et se noyait, à cette heure-ci, dans les brumes violacées du crépuscule.
Tel est le décor que j’ai inventé pour ma Chasseuse de cristaux, un roman en deux tomes qui va bientôt paraître aux éditions du 38. Le premier, intitulé Vestiges de neige, paraîtra en avril. Que les impatients se rassurent : le second, déjà écrit, le suivra de peu.
On m’a posé à plusieurs reprises la question du genre du roman. Je dirais qu’il s’agit de fantasy ; j’ai d’ailleurs repris le motif traditionnel de la quête. Les personnages sont cependant assez réalistes : c’est un récit sans elfes ni dragons, centré sur une jeune voleuse. Sa rencontre avec la reine de l’archipel bouleverse son existence. Pour les beaux yeux de la blonde souveraine, elle accepte de retrouver trois mystérieux cristaux. Et c’est le début de l’aventure, une aventure qui va la mener toujours plus loin, la forçant à affronter ses désirs et ses peurs.
Il a suffi d’une nuit pour que ma vie bascule. La plus longue nuit de mon existence, à vrai dire. Je n’ai jamais su si tout c’était vraiment déroulé en une seule nuit, mais c’est le souvenir que j’en ai gardé.
Une nuit interminable. Une rencontre avec des yeux verts.
Et tout a changé.
Parce que, ce que je ne savais pas encore, mais que j’allais apprendre à mes dépends, c’est que les quêtes véritables, celles où vous vous investissez tout entier, n’ont jamais de fin.
Illustration de Pauline Derussy