Par Pauline Derussyles-ailes-d-emeraude

Étant donné que je profite sans vergogne de l’espace virtuel mis à disposition par ma sœur, quoi de plus logique que d’en profiter pour esquisser une petite critique élogieuse du dernier roman qu’elle m’a offert, j’ai nommé Les ailes d’émeraude, d’Alexiane de Lys, publié aux éditions Nouvelles Plumes (maison rattachée, je l’ai compris sur le tard, à France Loisirs). Il s’agit du premier tome d’une trilogie, dont les tomes deux, L’exil, et trois, L’île des secrets, sont déjà parus. Vous pouvez le trouver ici sur le site de France Loisirs ou ici sur Amazon.

Dans un article que Julie acceptait de faire paraître il y a quelque temps (et que vous pouvez retrouver ici), j’évoquais le hate-reading. Méfiants, vous vous dites que vous renvoyer dans cette direction, c’est une drôle de façon d’entamer une critique élogieuse. Mais pas du tout, d’ailleurs, laissez-moi vous expliquer ! C’est tout simplement que même si ce mot n’existe pas encore à ma connaissance, s’il y a bien pour moi un ouvrage qui mériterait d’être qualifié de love-reading, ce serait le premier tome des Ailes d’émeraude.

Ce roman est à l’exact opposé de tout ce que j’ai pu expliquer sur ma vision du hate-reading. Pour peu que le style vous plaise (et pour parler tout à fait franchement, si vous avez eu il y a quelques années une période Twilight, il est fort probable que ce soit le cas), alors ouvrir ce livre c’est comme déballer votre friandise préférée en salivant de gourmandise rien qu’en entendant le papier crisser sous vos doigts. J’imagine qu’on pourrait lui adresser une bonne partie des critiques moins élogieuses qu’indubitablement la quadrilogie de Stephenie Meyer mérite, mais ce n’est pas mon sujet ici.

L’histoire est intelligente, bien ficelée, et bien racontée. Ça ne coule déjà pas toujours de source pour un premier roman, dans lequel il est si facile de s’embrouiller dans la trame de son récit. En grande amatrice d’Heroic Fantasy et autres apparentés du genre fantastique, j’admire tout à fait la ressource d’Alexiane de Lys qui parvient à nous composer une histoire originale, sans pomper ni dans l’œuvre de Tolkien, ni dans la dystopie de base, ni enfin dans la vogue actuelle des vampires sexy. Ça ne l’empêche pas de cadrer son histoire sur une valeur sûre, à savoir l’héroïne orpheline et très jolie qui cache un immense pouvoir, mais l’univers d’Alexiane n’appartient qu’à elle, et il y a beaucoup à y découvrir. Et franchement, on préfère une héroïne superpuissante qui a sale caractère ou une potiche qui passe son temps à se faire sauver par le héros de passage ?

Parlons-en du héros, c’est là que la boîte à ronronnement se met en marche. Quand j’étais en train de lire, je me disais, quand même, c’est gros là. Le héros, vous le reconnaitrez très vite en lisant, parce que pour le coup, ce n’est pas très subtil. Il est beau. Non, il est très beau. Ah, on m’apprend trois pages plus loin qu’il est hyper mais vraiment hyper beau et qu’en plus il est sexy. Et ombrageux. Et mystérieux. Et courageux. C’est tellement énorme que franchement on ne peut pas tomber dans ce panneau… Et bien devinez quoi ? Bien sûr que si qu’on y tombe, on se rue dans le panneau quitte à s’assommer dessus s’il le faut ! Franchement, vu au travers du regard de l’héroïne et narratrice Cassiopée, il est tout simplement irrésistible ce type. Alors, oui, bien sûr, pour le coup il n’est peut-être pas super original dans sa présentation, mais on en redemande quand même. Et pour ne rien gâcher (et pour ne pas le comparer au héros d’une quadrilogie que je citais un peu plus haut), il a une délicieuse tendance à ne pas systématiquement débouler dès que l’héroïne est dans la panade, ce qui a pour effet de l’obliger à se débrouiller seule une bonne partie du temps, et de développer ses propres capacités. Et ça, franchement, ça sort du lot. En tant que lectrice de chick-lit, je trouve vraiment que le mythe du prince charmant et surtout de la princesse qui croise les jambes dans sa très haute tour est encore bien (trop) ancré.

Qu’en est-il de l’érotisme ? Si on a beaucoup dit que la série Fifty shades versait dans le mommy porn, alors clairement ici on est dans l’ado-érotisme bien maîtrisé. Il n’y a d’ailleurs rien de bien direct dans les quelques allusions sexuelles qui parsèment le récit, mais toute la beauté du jeu est ailleurs : j’ai adoré les nombreuses scènes qui réunissent nos deux héros dans des situations aussi captivantes que cocasses (un blizzard et une source chaude pour ne citer que celles-ci), autour d’un dialogue finement mené. Ici l’érotisme des mots est primordial : on se glisse sans effort dans la peau de cette jeune fille de dix-huit ans à peine, qui découvre tout de l’amour dans toute sa primeur. On se rappelle avec nostalgie de ce que ça faisait, quand pour la première fois on sentait une attraction pour un autre sortir du cadre de l’amitié, et quand on l’entendait exprimer les mêmes sentiments. Et on glousse (pas d’autre mot pour décrire ce phénomène) quand on pressent que presque nue et perdue dans une forêt enneigée, notre héroïne va forcément rencontrer… Bref je vous laisse découvrir sans plus spoiler.

L’essentiel à mes yeux, se résume ainsi : love-reading jusqu’au bout des pages, et à l’inverse de ce que je vous disais sur le hate-reading, la lecture de ce roman vous laissera… bien, tout simplement. Merveilleusement joyeuse et un sourire un peu crétin aux lèvres dans mon cas.

Quel plaisir.

Le plus gros coup de cœur : enfin une héroïne qui a très mauvais caractère, mais chez qui c’est suffisamment assumé pour qu’elle ne passe pas son temps à s’excuser sans relâche. Je trouve que c’est quelque chose qu’on impose trop souvent aux personnages féminins, et pas tellement à leurs homologues masculins. Eux ils ont le droit d’être machistes, possessifs et désagréables et de s’en tirer avec un sourire charmeur, alors que la donzelle, non. Que diable !

Le petit coup de gueule : je déteste les couvertures avec une photo des protagonistes. Par rapport au dessin d’un artiste, je trouve que la photographie cherche à m’imposer une autre image que celle, tellement plus naturelle à mes yeux, que mon cerveau concocte au fur et à mesure de la lecture. J’ai beaucoup plus de mal à m’immerger dans ces conditions. Encore pour le tome 1, c’est discret, mais pour le tome 2 vraiment j’ai été très déçue. Par ailleurs dans ce dit tome 2 je n’ai pas retrouvé ces petites scènes tendres que j’évoquais, et j’avoue avoir été un peu désappointée, même si la lecture reste plaisante. J’espère pouvoir me rattraper sur le tome 3.

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